Petite visite d'hiver aux poubellariums
C’est l’hiver,
les premières gelées sont arrivées.
Nos poubellariums
commencent à former une couche de glace en surface.
Sous ce couvercle,
qui tamise une lumière pourtant déjà bien ténue, il se passe des
choses.
Pas beaucoup, car
tout est ralenti par la température glaciale, mais un peu.
Bien sûr, tous les
organismes présents dans les poubellariums l’hiver sont dépendants
de la température, qui règle la vitesse de leur métabolisme. Qu’il
s’agisse des plantes ou des invertébrés, plus il fait froid, plus
les organismes tournent lentement.
Pourtant, si vous
fouillez un peu, vous trouverez certaines espèces qui semblent bien
apprécier ce froid et ces journées courtes.
Par exemple, les aselles sont superbes. Dans quelques semaines, elles atteindront leur
taille adulte et se reproduiront avec frénésie. Pourquoi ?
Parce que la nature
a prévu que les êtres vivants se reproduisent au moment où la
nourriture est abondante. On le remarque aussi avec nos poissons,
puisque l’abondance de nourriture vivante a un effet aphrodisiaque
sur eux, et déclenche la ponte en général.
Les poissons pondent
au printemps dans la nature, au moment où le zooplancton va
exploser.
Donc, les aselles
font de même. Et, comme elles ne se nourrissent que de tissus morts,
l’hiver est une assez bonne période pour se reproduire et assurer
la nourriture de leur progéniture.
En effet, les
végétaux aquatiques perdent une grande partie de leurs tissus avec
la baisse de l’intensité lumineuse et de la durée du jour. Il y a
donc à manger pour les petites aselles à ce moment, davantage qu’au
printemps.
De rares plantes
apprécient l’hiver. C’est le cas, par exemple, de la lentille trilobée. Flottante mais immergée juste sous la surface, elle ne
manque jamais de lumière. Elle reste donc bien verte tout l’hiver,
et semble même se retrouver prise dans la couche de glace de surface
sans le moindre dommage ! Elle dégèlera sans avoir souffert le
moins du monde, sans qu’aucun de ses tissus noircisse ou meure.
Il est donc amusant,
dans les poubellariums hébergeant ces deux espèces, de prendre dans
la main une poignée de cette couche de lentille trilobée, et de
constater qu’elle grouille d’aselles de toute taille. L’hiver,
la vie est là, mais en surface, car la lumière est la seule énergie
du monde aquatique.
Si vous avez laissé
des crevettes, des escargots (planorbes ou physes), voire des
Tanichthys ou autres poissons rustiques, essayez de les déranger le
moins possible.
J’ai moi-même
installé des poissons rouges dans un récupérateur d’eau de 300
litres, avec des lentilles d’eau en surface pour grignoter si
besoin. Je les considère comme « hivernant » toute la
saison, et j’évite donc de les stresser et de les réveiller. Ils
n’ont en effet pas les moyens de mobiliser des ressources
énergétiques qu’ils ne pourront pas récupérer ensuite.
Si vous passez une
épuisette dans certains poubellariums, vous pourrez aussi découvrir,
à côté de vos daphnies, certaines larves d’insectes, souvent
présentes en grande quantité, et à peine ralenties dans leurs
mouvements par le froid.
Les larves de
moustique, bien sûr, généralement très grosses pour passer
l’hiver et constituer les premières générations à éclore au
printemps.
Mais aussi la jolie
et très vive larve d’éphémère. Celle-ci nage très vite, et
fera faire un peu de sport à votre Betta si vous lui en donnez un
peu !
Il y a aussi cette
larve très difficile à voir, parce que transparente : la larve
de Chaoborus. C’est la larve d’un moucheron, sorte de petit
moustique non piqueur et totalement inoffensif, et dont les adultes
pondent dans l’eau « qui sent fort ». On les appelle aussi "vers de cristal".
Une fois remis dans
une eau tiède, ils sont des proies très rapides à distribuer à
vos poissons qui devront sprinter pour les dévorer.
Allez, je vous ai fait des photos parce qu'on en trouve assez peu :
Enfin, les gammares semblent ne pas se soucier du froid, toujours aussi vives, nageant comme des fusées. Cela est dû à leur forte sensibilité à la teneur de l'eau en oxygène. Et, plus l'eau est froide, plus elle peut contenir d'oxygène. L'hiver est donc leur saison préférée !
Bien sûr, vous
pourrez trouver également de nombreux vers de vase, bien rouges mais
pas très gros. Ils ont tout l’hiver pour profiter avant d’éclore
au printemps.
Puis, une fois vos
mains bien gelées et rougies par l’eau glaciale, rentrez chez vous
et profitez de vos aquariums naturels, dans lesquels il n’y a pas
d’hiver.
Et offrez à vos
poissons vos petites trouvailles comme autant de friandises
irrésistibles !
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