Ça mange quoi, normalement, un poisson ?
1 – Le plaisir de retrouver la nature de vos poissons
Lâchez quelques daphnies vivantes au milieu d'un aquarium, et vos poissons retrouveront en quelques instants leur vraie nature. Vous les verrez chasser et se disputer ces petites puces d'eau dont les mouvements saccadés excitent leur instinct de petits prédateurs. La Nature a conçu nos poissons d'aquarium pour qu'ils se nourrissent tout au long de la journée de centaines de bestioles diverses... et non pour deux pauvres repas de paillettes industrielles par jour ! Daphnies, petits vers, ostracodes, collemboles, insectes tombés à la surface ou larves aquatiques... tout dans nos poissons les destine à chasser ces micro-proies.
Donner du plaisir à nos poissons permet de retrouver leur comportement sauvage. Leurs acrobaties et leurs courses endiablées sont alors un spectacle unique pour l'aquariophile.
Et, après tout, c'est bien le but de l'aquariophilie : avoir un vrai coin de nature chez soi !
2 – Une nourriture qui ne pollue pas... mais nettoie !
Lorsque vous donnez à vos poissons de la nourriture industrielle, tout ce qui n'est pas consommé dans les premières minutes se transforme en déchet polluant. Chaque paillette qui échappe à l'appétit des poissons se met à pourrir, larguant nitrates et autres composés indésirables. C'est la raison pour laquelle il est toujours rappelé d'avoir la main très très légère !
Mais, avec de la nourriture vivante, les poissons ont tout leur temps pour manger. Comme dans la nature, une daphnie non consommée reste mangeable pendant des jours et des jours. Elle vit parfaitement dans l'aquarium et les poissons la mangeront tôt ou tard ! Aucune pollution. Certaines bestioles vont même jusqu'à nettoyer votre aquarium. C'est le cas des daphnies qui éliminent l'eau verte, mais aussi des ostracodes, des aselles ou des blackworms qui se nourrissent des déchets de l'aquarium. Comme dans la nature, les déchets sont assimilés par les invertébrés, qui finissent ensuite dans l'estomac des poissons.
Au lieu d'un produit industriel stérile et polluant, on fournit des maillons essentiels du cycle biologique aquatique !
3 – Le seul régime réellement complet et équilibré
La plupart des aliments artificiels essaient de copier l'alimentation normale des poissons en assemblant des farines industrielles, des sous-produits et des adjuvants sous la forme de paillettes, granulés ou gelées. Pourtant, aucun ne peut parvenir à reconstituer l'infinie complexité de l'alimentation naturelle. Car les organismes vivants contiennent des millions de molécules différentes, protéines, probiotiques, vitamines, oligo-éléments, qu'il est impossible de copier à l'identique. La complexité de ces proies est infinie et aucun produit industriel ne peut rivaliser.
Sans compter que ces organismes contiennent eux-mêmes, lorsqu'ils sont capturés vivants, une flore intestinale riche et précieuse pour la santé de l'aquarium et des poissons.
Aucune nourriture n'est aussi complète et saine que les proies fraîches, vivantes et naturelles.
4 – Les petites proies stimulent la reproduction
Dans la nature, c'est la profusion des proies disponibles qui déclenche la reproduction. Comme tous les prédateurs, les poissons se reproduisent davantage lorsque la nourriture est présente en quantité. Les mécanismes sont maintenant connus : l'abondance d'une alimentation de qualité augmente la fertilité des poissons adultes. Le comportement lui aussi s'adapte ; tout se passe comme si la nourriture fraîche avait un pouvoir excitant sur le comportement sexuel.
Depuis toujours, les aquariophiles le savent : une nourriture vivante variée est bien souvent la clé des pontes réussies. L'effet de la nourriture vivante va au-delà : les alevins en ont un besoin vital pour leur croissance. Dès leurs premiers jours, ils consomment du zooplancton, et généralement rien d'autre ! Leur croissance et leur survie sont bien meilleures s'ils reçoivent pendant leur croissance des proies adaptées à leur taille. Par exemple, des alevins qui baignent au milieu de daphnies adultes passent la journée à dévorer des centaines de petites daphnies dès qu'elles apparaissent. Leur croissance est évidemment incomparable. La Nature les a conçus ainsi !
5 – La seule possible pour certaines espèces
Pour certains poissons, individus ou même espèces entières, il est tout simplement impossible de leur faire absorber une nourriture industrielle. Certains poissons ne touchent même pas les aliments s'ils ne bougent pas, ce qui excluent aussi le surgelé. C'est leur moyen, dans la nature, de ne rien consommer qui soit mort, et donc généralement avarié !
C'est le cas de certains Betta, même si la plupart acceptent de nos jours les paillettes. C'est aussi très courant chez de nombreuses espèces de killis ou pour des poissons sauvages importés depuis peu.
Bref, la nourriture artificielle est d'une certaine façon contre-nature. La seule alimentation inscrite dans les gènes et l'instinct de nos poissons d'aquarium, c'est la nourriture vivante. Elle seule est adaptée parfaitement à ce qu'ils sont et les garde durablement en pleine santé.
Et les poissons, eux, le savent !
Comment nourrir vos poissons comme dans la nature ?
Commencez par élever ou vous procurer pour eux les trois principales proies qu'ils rencontrent dans la Nature : les daphnies évidemment, mais aussi les ostracodes qu'on rencontre dans tous les milieux aquatiques, et les collemboles qui grouillent si souvent à la surface de l'eau tant ils sont nombreux. Les nouveaux-nés de ces bestioles sont parfaites pour les alevins, souvent bien meilleurs que les nauplies d'artémias qui n'ont rien à faire en eau douce !
D'autres petites cultures sont très utiles pour disposer en permanence de proies appétissantes : les micro-vers pour les alevins et les vers Grindals, un peu plus gros.
Pour vos plus gros poissons, les gammares, à la base de leur menu dans la Nature, ainsi que les aselles seront parfaites !
Pour aller plus loin : "6 idées pour nourrir vos poissons comme dans la nature"
Pour aller plus loin : "6 idées pour nourrir vos poissons comme dans la nature"
Commentaires
Dedans se trouve quelques guppy ( que je souhaite intégrer ds un autre bac dehors ( encore en train de le construire) et un couple de colisa, 2 corydoras et 3 néons bleu.
Bravo pour cet article.
Pour être vraiment complet (mais c'est sans doute du pinaillage), il faudrait distinguer la nourriture vivante de catégorie 1 (celle dont vous parlez, qui a sa place dans le biotope de l'aquarium tant qu'elle n'est pas dévorée) et la catégorie 2 (celle qui, bien que vivante quand on l'apporte, ne survivra au mieux que quelques heures parce qu'elle provient d'un milieu trop différent).
Par exemple, dans un aquarium d'eau douce, les vers de terre (terrestres) et les Artemia salina (marines) n'ont pas un grand rôle écologique à jouer et ne vaudront pas mieux que de la nourriture morte quelques heures après.
Ce concept est relatif : si j'avais un aquarium marin, les Artemia passeraient en catégorie 1 tandis que les daphnies en catégorie 2...