Collemboles et Ostracodes de la pleine lune

La semaine dernière, j’étais tranquillement en train de danser nu, le corps couvert de beurre de cacahuète (comme à chaque pleine lune), quand le Grand Poubellarium Cosmique (Louée soit Sa Grandeur) s’est manifesté à moi.

Sa voix, comme un souffle, entrait dans ma tête :

- Mattier, espèce de minable, pauvre type, misérable petite crotte infecte, va voir dans l’aquarium !

Oui, parce qu’on aime bien se charrier, avec Lui, c’est pas méchant, hein… Hum ! Voilà…

- Oui, Ô Grand Esprit régnant sur les mondes aquatiques et aussi les poubelles et toussa, Ô Toi, de quel aquarium parles-Tu, j’en ai une bonne dizaine dans cette putain de baraque je Te rappelle…

- Cherche, et tu trouveras, qu’il me répond, comme si j’avais que ça à foutre de jouer aux devinettes, avec Aquazolla à gérer, mon mariage expérimental inter-espèces et la vaisselle de la semaine dernière en retard.


Ah, l’enfoiré…


Au bout du quatrième aquarium, Hosanna, j’ai trouvé !


C’est un aquarium 100 % naturel : ni chauffage, ni pompe, ni filtre, ni thermomètre, rien. Le truc de l’âge de pierre, et qui tourne donc parfaitement.

Le sol est du simple sable à enduire à 2 euros les 40 kilos (juste bien lavé), eau du robinet, de la Najas et des Vallisnerias, et toutes les petites bêtes d’Aquazolla dedans.
Pas de poissons dans ce petit monde digne d’une mare naturelle.

Jamais de changements d’eau, je l’ai réinstallé après le déménagement avec son propre microbiote sous la forme d’un peu de sable resté mouillé au fond pendant le transport. Avant, il avait tourné 6 ans en faisant juste le niveau de temps en temps !

Seule concession à la technologie : un éclairage par néon 1er prix de chez Leroy-Casto.

Bref, le machin qu'on installe dans le salon en deux heures et dont le seul entretien est de jeter une poignée de plantes en excès tous les trois mois... Et qui fait un jardin aquatique tout joli pour les invités.


Et là, en inspectant la surface, j’ai découvert le truc que l’Autre Con voulait me montrer.

Jamais vu ça avant, et je sais pas comment c’est arrivé.

Allez, tite photo :




On voit bien la surface sur cette superbe photo prise avec art, talent et professionnalisme. Les lanières vertes sont les feuilles des Vallisnerias, mi émergées, mi-immergées.

Et, ce qui est nouveau, c’est les petits points… orange.

J’ai sorti ma loupe (je vous rappelle que je suis à cet instant toujours nu et tartiné, hein) et j’ai observé de près.

Croyez-moi, croyez-moi pas, ce sont des collemboles.

Ceux qu’on trouve sur Aquazolla sont blancs et de forme allongée, plutôt terrestres. Ceux-là vivent à la surface de l’eau, ont une silhouette toute ronde, et une magnifique couleur orangée très vive que la photo rend assez mal.

Et, en observant mieux, de quoi m’apercevois-je-t-il ?


Si les collemboles vivent SUR la surface, j’aperçois également, dans le millimètre SOUS la surface, des ostracodes que je ne connais pas !

Très allongés, plutôt petits, arborant une tenue de camouflage rayée-tachetée genre commando de l’Armée de Terre.

Deuxième photo, légendée, qui permet d’identifier toutes les espèces visibles en surface sur quelques centimètres carrés seulement, dont ces ostracodes qui apparaissent grisâtres sur la photo :




Vous me direz, jeunes padawans insouciants : "mais qu’est-ce que ça peu bien nous fiche ?"


Mais, c’est absolument évident : je n’ai jamais introduit ces bestioles !

Les voies du Grand Poubellarium Cosmique sont bel et bien impénétrables…


L’explication de leur présence est sans doute assez simple.

Bien que veillant toujours à rincer mes mains avant d’intervenir dans mes aquariums (pour éviter justement d’introduire quelque chose), il suffit d’une parcelle de terre du jardin, d’une poussière mal éliminée, pour qu’un œuf ait été transporté sur mes mains.


C’est ce qui est magique avec cette micro-faune. Elle est partout autour de nous. Elle peuple par millions notre tas de compost en quelques mois, elle vient dans nos mares, dans nos bassins, dans nos poubellariums avec le vent, les pattes d’un oiseau, une plante…

Par exemple, je n’ai jamais réussi, malgré toutes les moustiquaires du monde, à conserver un bac de daphnies pures plus d’un an. Il y a toujours une espèce en plus qui arrive d’on ne sait où…


Loué soit le Grand Poubellarium Cosmique de m’avoir fait découvrir ces petites bêtes fluo.

Depuis, j’ai des boîtes partout dans la cuisine et dans le salon avec plein d’essais d’élevage, pour trouver ce que ça mange, sur quoi ça vit, etc. Comme d’habitude, ça ne marchera sûrement pas.

Mais ça me fera un chouette truc à raconter à Mini-Mattier qui aime bien avoir un Papy bizarre avec ses boîtes et ses bidons.


Et qui danse à poil à chaque pleine lune, je vous le rappelle.

Allez, je vous laisse. Ça se rafraîchit, je vais enfiler un string.





Commentaires

Florence a dit…
J'ai eu quelque chose comme ça, il y a... quelques décennies, dans mon bac communautaire dont la surface était couverte de ceratopteris flottantes. De minuscules bestioles qui sautaient à la surface, sur les feuilles.
Pas naturel du tout : le bac était chauffé, filtré (extérieur), éclairé (tube grolux), couvert, tout ce que les vendeurs recommandaient... Je lisais Aquarama... C'était avant la Révélation, j'étais jeune et naïve, que le GPC me pardonne !
Il tournait parfaitement, ce bac mécréant. Rempli d'amazones opulentes et couvert de fougères, en mode forêt vierge, je ne mettais jamais les mains dedans, juste un rinçage du perlon de temps en temps.
La seule microfaune visible, c'étaient ces collemboles oranges. Et probablement des ostracodes aussi, mes poissons étaient assez gros pour ne pas s'y intéresser. Moi non plus, je dois avouer ^^

C'était quand même le bon temps !
Maintenant je les regrette, les amazones, les ceratopteris (je n'en retrouve pas de flottantes).
Et les collemboles oranges de mon bac d'ado.

Florence

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