Comment nourrir les aselles ?

Chacun l'a maintenant compris, l'aselle est la bestiole emblématique de l'aquariophilie naturelle et des poubellariums...



Ce petit cloporte aquatique, suffisamment gros une fois adulte pour échapper à la plupart de nos poissons d'aquarium, passe sa vie à nettoyer.
Tout le contraire de Mauricette, malgré la ressemblance physique troublante...

Elle préfère tout de même les tissus végétaux morts, même si elle est capable aussi de participer au recyclage d'une bestiole décédée au fond de l'aquarium.

Pour nourrir les aselles, j'ai tout essayé. Absolument tout.

Bien sûr, elle ne crache pas sur quelques morceaux de légumes cuits. Bien cuits, même, puisque, dans la nature, notre bestiole, qui n'a pas de dents, attend généralement que les micro-organismes aient dégradé les tissus pour les rendre plus mous.

En réalité, nos petites copines grisâtres ne sont que de méprisables détritivores secondaires, même pas fichues d'attaquer directement la tortore, et obligées d'attendre qu'elle pourrisse d'abord, attaquée par les microbes.

À force de passer ma vie au bord de l'eau à quatre pattes, j'ai vécu toutes sortes de situations.
Et, un jour, alors que j'avais emmené ma belle-mère près d'un petit étang de notre parc naturel dans le but de la noyer, j'ai remarqué que des moutons avaient été installés dans la prairie donnant sur l'eau.

Délaissant immédiatement ma proie initiale (parfaitement capable de se noyer toute seule, en plus), j'allai immédiatement voir les moutons, pasque moi j'aime bien les moutons.

Et là, qu'est-ce que je m'apercevois-je ?

Les moutons avaient fait caca dans l'eau !

Ils font ce qu'ils veulent, me direz-vous avec cette désinvolture qui fait de vous de médiocres padawans alors que moi chuis un maître...

Oui, d'accord, mais en me penchant pour contempler la chose, j'ai vu quelque chose grouiller.
Et quelle grouillisation !

Des centaines d'aselles étaient là, en train de manger, de se reproduire et probablement de chanter des chansons ineptes...

Explication : les moutons, comme tous les ruminants, passent leur vie à mâcher, mâcher et remâcher avec l'air idiot. Puis la purée d'herbe totalement écrabouillée part dans un premier estomac, la panse, où elle macère, mélangée à de la salive et des bactéries spécialisées. Miam !
Puis ça leur revient dans la bouche et ils ruminent, c'est-à-dire qu'ils remâchent cette nouvelle purée ramollie en mélangeant bien les bactéries et les fibres qui font déjà plus trop les malines...
Là, les moutons avalent encore et tout le bordel part cette fois en direction des autres estomacs.
Ce n'est que quand il n'y a vraiment plus rien à tirer des fibres restantes que le tout est expulsé, extrudé, déféqué, bousé.
Bref, mauricettisé.
Ce boulot de dingue est la spécialité des ruminants comme les vaches, les chèvres, les moutons...

Et voilà ce qui attirait tant les aselles : ces fibres largement dégradées et donc délicieusement comestibles pour les aselles !

J'ai ramené la belle-doche à la maison ("on refait ça la semaine prochaine, Mamie ?") et j'ai commencé mes expériences.

Et j'ai découvert qu'il existe un équivalent propre, inodore et sec de la bouse de ruminant. C'est la crotte de rongeur. Car le rongeur, qui mange ses premières crottes (les coecotrophes), procède finalement à une rumination externe.
Et une crotte de lapin ou de cochon d'Inde, c'est quand même plus facile à récolter et conserver en appartement qu'une bouse de vache. Si, quand même...

Donnez donc des crottes de lapin ou de cochon d'Inde à vos aselles si vous voulez les élever, et il y a de fortes chances qu'elles se régalent et se reproduisent gaiement.

Finies les rondelles de carotte si peu nourrissantes ! Vive la crotte à Jeannot !

Voilà, je voulais partager cette découverte avec vous, car je sais que vous êtes nombreux à mettre des aselles dans vos poubellariums et vos aquariums naturels, voire vos bassins, et les plus détraqués d'entre vous m'ont demandé comment les nourrir !
Humainement, je pouvais pas garder ça au fond de moi...

Ça, c'est si vous voulez les élever, hein...

Parce que je vous rappelle que le principe des bestioles en aquariophilie naturelle, c'est que leur nombre s'adapte aux déchets disponibles.
Mais bon, pour montrer à vos gamins, pourquoi pas ?

Je vais me coucher, je suis très très fatigué, moi.

Commentaires

Eleonore a dit…
Dans mes bacs dédiés aux bestioles, où évoluent, parmi la vase et quelques morceaux de pouzzolane, entre les élodées et sous un firmament de lentilles, aselles, ostracodes, daphnies, quelques escargots, et autres bestioles apparues, les aselles sont les premières à s'installer sur les rondelles de courgette crue que je mets de temps en temps pour les escargots. Mes yeux n'ont pas la vigueur d'un microscope permettant de confirmer qu'elles mangent la courgette, mais toute intuition de vraisemblance m'amène à considérer que si. Et toute la tribu aselle s'y assemble, grands et petits. Littéralement une table ronde festive. À voir chez vous...
Administrateur a dit…
@Eleonore : pauvres aselles, privées de caca de mouton ! C'est de la maltraitance, ça...
Fafa a dit…
La prochaine fois que vous avez pour projet de " noyer votre belle mère" s' il vous plaît prévenez-moi, je vous envoie la mienne!
Eleonore a dit…
Nenni nenni. Connaissant à présent le secret de la caecotrophie comme équivalent externe au caca de mouton (indisponible dans ma contrée citadine), ce padawan-ci va s'aller quérir quelques crottes de lapin chez un jeune voisin...

Tout pour les bestioles, et bien merci pour elles !
Anonyme a dit…
Les turricules, Mattier.
Just do it!!
Romain a dit…
Chacun de vos post est un délice M. Mattier !

Je suis le blog de loin, mais quand j'y retourne et que je vois de nouveaux posts, je sais que je vais passer un bon moment. Merci !
Marie L. a dit…
Bonsoir à tous!
Quel post intéressant et justement, je me demandais si cela pouvait convenir avec du crottin de cheval?
Vivant sur les terres d’un centre équestre, avec un poubellarium au point, je me posais la question…
Un grand merci pour vos réponses !
Anonyme a dit…
J'ai tenté avec des crottes de lapinou quises chez une voisine, mais le succès ne fut pas au rendez-vous...

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