Pas d'aquarium sans ostracode !
On me dit que certains continuent à filtrer les aquariums !
Je sais que je suis un brin
provocateur, mais on a déjà expliqué ici que c'était parfaitement inutile, puisque ça ne réduit pas d'un microgramme la quantité de
nitrates... Et que le résultat de la filtration est également
obtenu... sans filtration.
Il est vrai que le saut culturel n'est
pas négligeable puisque, même les plus chevronnés parmi nous ont
quelques suées avant de débrancher ce qu'on nous a toujours appris
être vital pour nos aquariums. On a beau avoir compris que ça ne
sert à rien, refait sur une feuille le cycle de l'azote vingt fois,
recalculé la quantité d'azote et de nitrates en moles et en
grammes, on flippe.
Un peu comme quand on vous dit de
sauter dans un filet du haut d'un immeuble ; ça fout les
chocottes !
En revanche, on me dit aussi qu'il y a
encore, dans ce pays, des aquariums... sans ostracodes !
Oui, je sais, c'est assez incroyable,
on se demande même ce que fait le gouvernement devant un tel
scandale, mais c'est un fait : l'ostracode est encore absent de
nos pratiques, alors même qu'il n'existe pas un centimètre carré
de nature aquatique qui ne grouille pas de ces petites bestioles
adorables.
Car, contrairement aux bactéries et
algues diverses, si on n'introduit pas une souche d'ostracodes dans
ses bacs, bassins et poubellariums, ils n'y viendront pas tout seuls.
L'ostracode est cette petite bestiole,
apparentée aux crevettes et donc aux daphnies, dont la silhouette
évoque irrésistiblement un haricot. Un haricot de 1 mm qui
galoperait sur le fond et parfois sur les parois, ne servant
apparemment à rien et pas très impressionnant sur le plan
intellectuel. Bref, la bestiole con par excellence.
Et pourtant, l'ostracode est tellement
universel dans la nature, à la base de toutes les chaînes
biologiques, qu'il mérite un peu plus de considération.
Issus de la préhistoire de chez
préhistoire, on en trouve des quantités incroyables dans les
sédiments du monde entier, et les scientifiques s'en servent pour
dater les roches dans lesquelles ils sont fossilisés. Ils existent
par milliers d'espèces, nous ont précédés et survivront à tout
le monde, y compris aux plus coriaces d'entre nous (je pense par
exemple à Mauricette).
Contrairement aux daphnies, la plupart
nagent pas ou peu, même si Aquazolla a récemment isolé et commercialise une souche nageuse. Ils grouillent au fond. Ce sont en réalité,
comme les daphnies, de très petites crevettes habillées d'une
carapace enveloppante en deux moitiés (bi-valves), dont leurs
petites pattes dépassent à peine. Ils grandissent en muant, et
leurs mues riches en calcium font le délice des crevettes, des
escargots et autres bestioles aquatiques.
Mais surtout, les ostracodes sont les
détritivores tout-terrain de base. Si l'on sait depuis longtemps que
les « poissons-nettoyeurs » n'existent pas, on découvre
avec l'ostracode un nettoyeur-fossoyeur infatigable, une sorte de
fourmi aquatique, présente sur tous les coups et éliminant le
moindre déchet en un minimum de temps. Tout tissu mort croule sous
leur nombre et est nettoyé en un temps record.
Comme les escargots et les daphnies,
les ostracodes ont aussi tendance à faire baisser la dureté de
l'eau sur le long terme, en captant le calcium.
Enfin, les ostracodes, comestibles pour
les poissons mais pas très appétissant car un peu coriaces,
représentent une nourriture vivante de réserve comme aucune autre
espèce. Là où une distribution de daphnies est éradiquée par les
poissons en quelques heures, les ostracodes sont généralement
boudés. Ils parviennent ainsi jusqu'au sol et s'y installent. Ce
n'est que lors des petits creux, par exemple quand vous partez en
vacances, que les poissons se résoudront à les grignoter. Finis les
affreux « blocs vacances » plâtreux du commerce, et
bonjour la nourriture vivante permanente !
Et voici comment on transforme des
déchets polluants dans un aquarium en bestioles comestibles,
vivantes, disponibles en permanence et quasi-invisibles !
… un peu comme dans la nature !
Une espèce rare d'ostracodes "nageurs" est disponible chez Aquazolla
Une espèce rare d'ostracodes "nageurs" est disponible chez Aquazolla
Commentaires
dans les autres, je sais pas, mais dans mon bac à betta ils sont tellement bien que je les vois par centaines sur les vitres.
je viens de créer un petit aquarium d'une cinquantaine de litres, et celui-ci je voudrais le laisser libre d’évoluer sans (trop) d'action de ma part, non pas par flemme mais par conviction qu'un micro écosystème peu se développer sans véritable action extérieur.
pour ça j'y ai introduit deux espèces de poissons assez proches de petites tailles ( barbus titteya et brachydanio rerio).
deux espèces bien robuste qui pardonne un peu les erreurs que je vais sans doute faire.
l'aquarium c'est stabilisé puisque ça fait maintenant quelques mois mais il me manque toutes souches de zooplancton.
j'ai voulu y introduire des daphnies mais elles n'ont pas fait une journée.
ma question est donc la suivante comment introduire une souche de zooplancton pour eau douce dans un aquarium habité et qu'il prospère?
trois mois et toujours pas de réponses, pourtant je vois bien quelques articles récents.
êtes-vous sectaires à ce point de ne répondre qu'aux membres de votre communauté?
quoiqu'il en soit, j'ai pris leçon de vos articles en générale, et ai fait ma propre expérience sur les zooplanctons, phytoplanctons, crevettes etc...
au final, merci d’être sectaire et communautariste ça permet aux autres d'apprendre beaucoup sur les poissons et autres espèces, ainsi que sur la population élitiste de l'aquariophilie au naturel!!!! bonne saison printaniere.
Absolument désolé pour mon silence. Il n'y a pas de mépris là-dedans, bien au contraire, mais vous avez dû constater que le blog est un peu au ralenti et je ne suis pas toujours très présent pour lire les commentaires ces temps-ci. Toutes mes excuses donc.
Du zooplancton dans un aquarium peuplé, surtout avec des cyprinidés comme le danio et le titeya, ne durera pas longtemps, évidemment. Il n'y a pas beaucoup de solutions à ça, à part peut-être si un compartiment de décantation existe. En permettant l'accès aux bestioles, il suffira peut-être pour que quelques-unes survivent et se reproduisent...
Le plus sûr, me semble-t-il, serait d'immerger un petit filet (certains pondoirs sont faits en filet) dans lequel seront introduites les bestioles diverses. Elles pourraient ainsi travailler tranquillement, filtrer l'eau, etc. sans se faire dévorer. Il suffirait alors de temps en temps de baisser un peu le filet pour nourrir les poissons avec les daphnies qui s'échappent...
Ton article est très intéressant!
J'ai un nano aquarium de 15L spécifique red cherry en lowtech, avec un apport de lumière, sans chauffage sans filtre... filtre remplacé par des ostracodes. Tout se passait à merveilles, jusqu'au jour où j'ai eu un pic de naissance d'ostracode! Pourquoi je ne sais pas, peut etre un excès de nourriture ? Le fait est qu'ils sont tellement nombreux qu'ils mangent mes plantes! Je vois des feuilles coupées de leur tige remonter à la surface et se faire dévorer...
As-tu une technique pour limiter la population des ostracodes ?
Je pensais peut-être rechercher un prédateur mais dans 15L... et je ne voudrais pas que ce prédateur mange mes zoés...
Merci!
Delphine
J'ai fort apprécie ton article qui défend la microfaune en aquariophilie. C'est un tort de s'en débarrasser sous prétexte qu'ils seraient répugnants, alors que je les trouve au contraire adorables à observer, une équipe de nettoyage qui participe à l'écosystème.
Je n'ai hélas pas trouvé d'ostracodes dans notre nature environnante, dominée par d'autres types de "puces d'eau". J'en ai finalement trouvé chez mon aquariophile, mais ils sont plus petits et ovoïdes, alors que ceux que j'avais dans mon aquarium avant qu'ils ne disparaissent étaient plus grands et ronds, comme les daphnies à priori mais ces derniers sautillent comme des puces, les copépodes nagent vraiment plus comme des crevettes.
Aurais-tu toujours cet aquarium avec tes ostracodes ? Car j'ai appris qu'il existait plusieurs variétés de la même espèce. Il serait intéressant de comparer avec les tiens. Aurais tu des photos de tes propres specimens, et s'ils sont différents des miens, pourrait ton envisager un envoi par courrier ou un échange si les miens t'intéressaient ?
Je dois être une tanche; pas le poisson vert olive super discret, la sorte d'imbécile.
J'ai acheté des ostracodes, des planorbines et des aselles.
J'ai placé le tout dans un paludarium sans poissons qui tournait depuis plusieurs mois et tous ont a disparu. Pas mort, hein, disparu.
Mes réflexions vont vers deux causes dont je pourrais être responsable:
- une température inadéquate de 26°C
- la présence en ces lieux d'un couple de Geosesarma dennerle justifiant cette température.
Lorsque je ferai enfin mon premier poubellarium, je ferai à nouveau appel à Aquazolla.
Marc