Azolla et changement climatique

Saviez-vous que ma plante fétiche était la seule de toute l’histoire de la planète à avoir réussi à changer le climat ?

Aucune plante ne peut, par sa prolifération, faire changer le climat. Car le carbone qu’elle capte en poussant est de toute façon rendu à l’air ensuite, lorsqu’elle se décompose, puis via la minéralisation de l’humus. Ou alors, il faudrait une plante immortelle, qui pousse sans cesse, ne mourant jamais, et gardant donc éternellement le carbone qu’elle a capté.

Et des plantes comme ça, ça n'existe pas 😕

Pourtant, c’est arrivé une fois et je vais tout vous raconter, d’abord parce qu’y a rien à la télé ce soir et puis parce que c’est mon tour de faire la vaisselle et faut que j’aie l’air occupé.

C’était il y a très longtemps, Mauricette était encore une jeune fille puisque c’était l’Éocène (il y a plus de 48 millions d’années). Pour vous situer, les dinosaures s’étaient fait défoncer depuis longtemps et on commençait à avoir des mammifères. Aucun hominidé bien sûr, Mauricette ne comptant pas 🦖

Le climat était carrément tropical quasiment partout, et même le Pôle Nord était chaud. C’était ambiance tortues et palmiers, rien à voir avec aujourd’hui. Il y avait beaucoup de CO2 dans l’atmosphère, effet de serre, vous connaissez le truc, on pouvait bronzer tout nu au Pôle Nord.

Et surtout, les continents, c’était pas fichu pareil. L’Océan Arctique était entouré des continents en formation et était donc assez fermé.

Donc, un climat chaud voire très chaud, un océan fermé et immense et beaucoup de vent 🏝️

Le résultat : cet océan tropical a été soumis à une forte évaporation. Il s’est donc concentré en sel alors que l’eau évaporée retombait en pluies sur les continents autour. Elle revenait dans l’océan par les fleuves et on s’est retrouvés avec un truc de dingue : un océan bi-couche, avec l’eau salée plus dense au fond, et l’eau douce arrivée massivement, plus légère, en surface. Cette eau douce avait rincé les continents en coulant et était bourrée de phosphore 🧪⚗️

C’est là qu’intervient l’héroïne du jour, ma plante fétiche, celle qui a donné son nom à Aquazolla : l’Azolla. Car elle existait déjà, c’est une fougère aquatique préhistorique. On peut presque dire que l’Azolla a précédé la Mauricette sur Terre. Quasi 😊


En effet, un bout d’Azolla s’est retrouvé par hasard sur cet océan. C’est une plante flottante d’eau douce, mais je vous rappelle le coup du bi-couche : c’était de l’eau douce pleine de phosphore en surface. Aquazolla n’existait pas, j’ai donc un alibi.

Eh bien, figurez-vous que ce bout d’Azolla a poussé comme un chancre pendant 800.000 ans. Et ça pousse vite, l’Azolla, quand ça veut ! Elle prenait le phosphore dans l’eau, étant une plante capable de se satisfaire de l’azote de l’air. Sa croissance consommait évidemment beaucoup de CO2.


Mais voilà : au lieu de pourrir à leur mort, ces Azollas coulaient carrément au fond de l’océan où elles ne se décomposaient pas, en l’absence d’oxygène. Ces énormes quantités de carbone consommées étaient ainsi accumulées pour l’éternité au fond de l’eau. Pour ainsi dire fossilisées. Momifiées.

Sachant que, au bout de 800.000 ans, le machin mesurait carrément 400 millions d’hectares, je vous laisse imaginer combien de carbone il pompait chaque jour dans l’atmosphère, carbone qui était retiré de l’atmosphère définitivement.

Le résultat de cette petite plaisanterie, c’est que ce phénomène que les scientifiques appellent dorénavant « l’Événement Azolla » a refroidi le climat.
Et pas qu’un peu 💪

En diminuant drastiquement le CO2 atmosphérique, la température moyenne de l'Arctique est passée de 13°C à… -9°C !

Au lieu de ressembler à un village du Club Méditerranée, les pôles se sont carrément couverts de glace. Comme on les connaît aujourd’hui 🥶❄️

L’Azolla a réussi cet exploit car c’est une vrai plante magique.
C’est l’association d’une fougère et d’une cyanobactérie. D’où ses changements de couleur du vert au rouge en passant par toutes les nuances du rose, voire du bicolore ! 🌈


Cette association lui permet de se nourrir de l’azote de l’air. Elle laisse donc les nitrates aux autres plantes, n’en ayant pas besoin.

Cet avantage lui permet de pousser à une vitesse folle. Sa masse peut doubler en quelques jours.
Pour pousser aussi vite, elle doit trouver du phosphore qui lui, n’existe pas dans l’air. Elle le prend donc dans l’eau, comme à l’époque !

Et il se trouve que les plantes aquatiques consomment assez peu le phosphore et les phosphates, et ce sont donc les algues qui en profitent, d’où les algues vertes en Bretagne et les algues de toutes sortes en aquarium ou en bassin…

L’Azolla vole le phosphore qui, en excès, favorise les algues.

C’est la raison pour laquelle je l’utilise dans mes poubellariums : elle concurrence les algues et gagne pratiquement toujours. En appauvrissant le milieu en phosphore, elle débarrasse les plantes de la concurrence des algues, qui se retrouvent sans leur avantage et disparaissent, vaincues 💀


Au moment où la COP 28 commence, je me demande pourquoi les chefs d’état de la Terre entière ne viennent pas demander à Aquazolla de sauver la planète. Il y a vraiment un truc qui m’échappe !



Commentaires

kty a dit…
Bonsoir. Voilà, je suis fan depuis 1h, et ma commande est passée.
Je commence un bac de 60l pour y mettre des poissons ( quelle originalité !).
Il n'est pas encore en eau, je le rempli demain (ou plus tard...).
Question: (peu banale ) j'y ai mis un bois de cerf et des bois de chevreuil (jolis !!!) et je n'arrive pas à trouver de doc concernant le relargage éventuel des minéraux dans l'eau. Quelqu'un sait quelque chose ?
Anonyme a dit…
Bonjour,
Les bois de cervidés sont, tout comme les os, formés de phosphates de calcium.
Cependant, cette forme de phosphore est en principe très peu soluble.

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