Canicule et poissons : danger !

La canicule de cet été a permis une chose intéressante : j’ai pu constater grâce à elle une touchante solidarité dans mon village 😍


Ce sont des enfants qui en ont été chargés. Ils allaient de maison en maison, là où vivaient des personnes âgées, probablement pour vérifier qu’on n’était pas morts.

Je les ai entendus arriver au tout début de la première vague de chaleur. Ils venaient de sonner chez mon voisin et passaient devant ma maison, volets fermés pour garder un peu de fraîcheur.


- On va pas là !

- Ben si, pourquoi ?

- Là, c’est le vieux qui est avec la grosse dame poilue qui sent mauvais !


Je vous avoue que j’ai été à ça d’entrouvrir la porte et de m’allonger derrière en faisant semblant d’être mort 😵
Mais bon, après les parents se seraient plaints.
La chasse va ouvrir et je voudrais pas que Mauricette soit victime d’un malheureux accident sous prétexte de confusion avec du gibier à poils. Ce serait trop facile.


Mais c’est vrai que ces températures deviennent vraiment préoccupantes.

Chacun d’entre nous a vu avec inquiétude la température de ses aquariums d’intérieur monter sans trop savoir que faire...


Au début de l’aventure des poubellariums, il y a vingt ans, nous nous posions surtout la question du froid.
Mais il va bien falloir se poser désormais la question des grandes chaleurs.


Les moyens de lutter sont nombreux : poubellariums enterrés ou semi-enterrés pour garder le fond plus frais, orientation nord ou est, et surtout pas sud.
L’est est un bon compromis, car il permet, en début et fin de saison, de réchauffer tôt le matin en cas de nuit fraîche.


Pour l’ombrage, on peut ombrager un poubellarium avec divers objets, mais il faut surtout penser aux parois plus qu’à la surface. Le soleil tape les parois et chauffe la masse d’eau. Surtout si vos poubelles sont noires !


Mais même en bassin, les niveaux qui ont été atteints cette année posent problème.

On a vu des étangs souffrir et de nombreux poissons y mourir 😕


Que se passe-t-il dans un point d’eau en cas de grande chaleur ?


La première réaction des poissons, lorsque la surface commence à chauffer trop, est d’aller chercher la chaleur au fond. L’écart entre la surface et le fond peut être de 6°C pour ce que j’ai pu mesurer.


Mais si le fond lui aussi devient chaud (si le point d’eau est trop peu profond), on voit au contraire les poissons venir piper l’air en surface. En réalité, ils cherchent à « respirer » l’eau de surface, la plus en contact avec l’air.

On l’ignore parfois en effet, en cas de canicule, les poissons ne meurent pas réellement de chaleur directement, mais ils étouffent. Car plus l’eau est chaude et moins elle est capable de dissoudre d’oxygène. C’est un phénomène physico-chimique tout bête et implacable.


L’autre phénomène lié, c’est la pousse parfois affolante de certaines plantes à cause de la chaleur et de l’intensité lumineuse. Quand ce sont des plantes flottantes, c’est bien car cela fait un peu d’ombre dans l’eau. Mais ce n’est vrai qu’au début.

Car lorsque ces plantes se mettent à couvrir toute la surface s’enclenche une spirale dangereuse.

Les plantes flottantes (sauf rares exceptions) ont des feuilles aériennes et des racines immergées. Elles n’oxygènent donc pas du tout l’eau, puisque leur photosynthèse se fait au-dessus de la surface 🍀



En revanche, elles empêchent la lumière d’atteindre les plantes immergées (Cerato, Vallisnerias, Najas…) qui, elles, pourraient oxygéner le milieu puisqu’elles vivent en pleine eau. Et leur pousse rapide leur permet d’exploiter beaucoup de lumière et donc de produire pas mal d’oxygène.


Donc, les plantes flottantes, c’est bien, mais pas trop...
Elles sont utiles dans les zones peu profondes qui risquent de chauffer vite sans leur ombrage, mais doivent être retirées des zones de pleine eau sous peine d’étouffer littéralement la vie aquatique.



Ajoutons que toute matière organique qui meurt dans une eau peu oxygénée se décomposera en consommant encore plus du peu d’oxygène qui reste 🍂

C’est ainsi qu’on se retrouve avec ce qu’on appelle un milieu anoxique, une eau eutrophisée, bref, de l’eau qui pue sa race. C’est comme ça : les molécules réduites puent mille fois plus que les molécules oxydées.


Donc, toute la masse végétale en excès peut être retirée, surtout si elle est en surface et n’oxygène donc pas l’eau : si elle venait à mourir, la spirale infernale s’enclencherait.


C’est pour la même raison qu’il faut cesser d’alimenter les poissons avec de la nourriture non vivante. Car tout ce qui ne sera pas mangé se décomposera et consommera, là encore, de l’oxygène. Il y a suffisamment de moustiques qui pondent dans l’eau pendant les canicules pour que les poissons tiennent le coup ! 🐟


Si les poissons viennent piper la fine couche de surface, c’est dans l’espoir qu’elle contienne un peu plus d’oxygène. C’est signe qu’ils ont vraiment du mal à respirer.

C’est un des rares cas ou avoir un mouvement de la surface est fortement recommandé.

Mais attention : seulement la surface !


Car, en profondeur, il est très probable que ces molécules « réduite » (qui puent) soient déjà formées. Si vous les remontez, vous pouvez provoquer un étouffement ultra-rapide de toute vie dans le bassin ou le poubellarium.
Il peut suffire de quelques minutes, si des molécules réduites se sont formées et que vous les mélangez au reste, pour priver d’oxygène brusquement tout le milieu.
Aucun poisson ni aucune vie animale ne résiste à ce type d’accident.


Donc, si on ne peut pas créer un mouvement strictement limité à la surface, on s’abstient 😇


Dernier point auquel on pense rarement : en période de canicule, si le vent se lève, il se produit parfois ce que les météo-coiffeurs appellent un « effet sèche-cheveux ».

Les végétaux voient leur feuilles griller, sécher et tomber. On a atteint ce point cet été à plusieurs reprises.


Si vos poubellariums ou votre bassin reçoit ces tissus végétaux morts, ils vont se décomposer dans l’eau. Et, à nouveau, consommeront ce précieux oxygène. Comme ce n'est pas l'automne, on n'y fait pas attention, et paf !



La canicule, en aquarium, bassin ou poubellarium, pose donc en réalité un problème d’oxygène.

Et toutes les stratégies qu’on mettra en place visent donc l’oxygène ♻️


On ne peut refroidir l’eau que par la profondeur (bassin) ou l’enfouissement total ou partiel (poubellarium), l’ombrage voire l’orientation au nord.


Tout le reste de nos actions doit aller dans le sens de produire davantage d’oxygène (lumière entrant DANS l’eau et plantes immergées) ou de l’économiser (RIEN ne doit pourrir dans l’eau).


Ce qui m'oblige à repousser certains projets que j'avais concernant ma belle-mère.

Mais bon.







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