L'appendicite des aquariums !

 Alors, cette semaine, j’ai eu une bonne et une mauvaise nouvelle.

Tout d’abord, je pensais depuis toujours que l’appendicite (inflammation de l’appendice) était réservée aux êtres humains.

Eh bien il faut croire que non, puisque ma belle-mère en a été victime.

On l’a opérée d’urgence parce que la péritonite n’était pas loin. L’opération a réussi et elle devrait survivre.

Voilà pour la mauvaise nouvelle 😒

Mais la bonne, c’est que, contrairement à ce qu’on a cru pendant des siècles, l’appendice n’est pas un vestige de l’évolution, devenu inutile. On pense avoir découvert son utilité et elle est très grande.

Et ma belle-mère, à qui on l’a retiré, n’en bénéficiera plus,

Et ça, c’est plutôt rigolo 😊

Vous connaissez ma passion pour le microbiote des écosystèmes.

La digestion souvent capricieuse de Mauricette est pour moi un sujet d’étude qui m’expose au quotidien à ces questions. Je suis une sorte de poste avancé, en quelque sorte.

Ce que la science est en train de découvrir, c’est que les quelques espèces animales ayant un appendice ont une plus grande longévité que leurs plus proches parentes. Et ont donc été avantagées lors de l'évolution.

La principale cause de mortalité dans la nature, surtout en bas âge, ce sont les entérites, les diarrhées, bref, la chiasse. Sans soins, à l’état sauvage, on en meurt généralement en quelques jours. Y'a pas d'Immodium dans la forêt.

Mézalors, pourquoi-t-est-ce que ceux qui ont un appendice survivent mieux que les autres ?

Eh bien justement parce que cet organe (qui n’est donc pas juste un « vestige ») est un lieu à l’écart du transit où quelques individus de chaque espèce présente dans notre microbiote intestinal sont gardés à l’abri 👍

En cas d’intoxication alimentaire, tout le monde crève dans d’atroces souffrances, votre intestin devient une morne plaine qui a perdu la plupart de ses microbes, livrée aux quelques espèces qui ont résisté et dominent le terrain là où régnait auparavant un savant équilibre.

Si vous appartenez à une espèce sans appendice, vous êtes donc très mal barré, comme on dit dans le jargon des dinosaures.

Mais si vous avez un appendice, vous pouvez, grâce à cette bibliothèque où toute la biodiversité microbienne a été préservée, reconstituer en quelques jours tout votre microbiote. Ce qui vous permet de survivre, ce qui est source de joie pour vous et prive d’héritage votre ingrate progéniture.

Donc, ma belle-mère n’a plus d’appendice et ça, c’est la bonne nouvelle 🤣

Accessoirement, en lisant l’article scientifique qui m’a appris cette découverte, je me suis remémoré un billet que j’avais écrit ici-même il y a 11 ans (j’étais jeune et beau) sur le poubellarium-mère (à lire ici).

Finalement, à la façon de Monsieur Jourdain, je pratiquais ce même principe. Disposer au fond du jardin un poubellarium laissé à l’abandon (juste une moustiquaire dessus) qui, au fil des ans, devient une véritable Arche de Noé.

Mettez-y des prélèvements effectués dans votre aquarium ou dans un aquarium bien cyclé, stable, ancien (voire une poignée de sable qui en provient) et laissez vivre.

Toutes ces souches iront se loger dans le périphyton ou vivront leur vie en pleine eau ou sur les supports et parois. Et ceci pendant des années.
Et même, elles s'enrichiront.

En cas de drame, il vous suffira bien souvent d’aller y prélever un peu d’eau avec un peu de périphyton gratté à l’ongle (cette croûte qui se forme sur les parois). Et vous pourrez réensemencer votre aquarium pour le « réinitialiser » 🙂

C’est ça, en réalité, le principe des doses de démarrage d’Aquazolla.

Une Arche de Noé à laquelle on peut refaire appel de temps en temps, pour repeupler un écosystème qui, avec le temps, a tendance à s’appauvrir.

Le prochain qui me demande ce que je fais dans la vie dans un cocktail mondain (c’est mon truc, les cocktails mondains), je lui dis que je suis marchand d’appendices et même carrément leader mondial de l'appendice 😁

Ça va bien le calmer, ça !