Aquarium et compost : même combat !
Avez-vous remarqué qu'un tas de compost correctement mené ne sentait pas mauvais ? On y jette toutes sortes de détritus dégoûtants, on les laisse pourrir, et on obtient une discrète odeur de sous-bois, d'humus, bref, rien de nauséabond. Et dire que j'avais mis le tas exprès près de chez mes voisins !
C'est ce que je réponds généralement à ma femme qui confond parfois jardinage et ménage. Si je l'écoutais, elle me couvrirait la pelouse avec du lino et cirerait les allées.
Dans la nature, la propreté, c'est la mort. La vie a besoin de diversité, diversité qu'on ne trouve que dans cette multitude de débris de toutes matières qui traînent au sol.
C'est l'erreur du jardinage chimique, de l'agriculture industrielle (celle que j'ai apprise pendant mes études)... et c'est aussi l'erreur de l'aquariophilie « clinique ». Vous savez, celle qu'on pratique presque en blouse blanche tellement faut éviter qu'il y ait un poil qui dépasse !
Un bac propre, c'est une horreur !
J'ai connu une dame qui nettoyait son aquarium de 120 litres toutes les semaines. Elle le vidait totalement, mettait ses guppies dans un seau et astiquait le verre dans tous les recoins. Les pierres étaient brossées et toute crasse était retirée. Résultat : les poissons crevaient sans cesse, évidemment.
Mes bacs ressemblent à des fonds de mare. On y trouve des feuilles en décomposition, des déjections diverses et variées de bestioles qui forment une vase au fond, des coquilles de générations d'escargots morts comme un cimetière d'éléphants... et, parmi tout ça, des myriades d'ostracodes qui s'affairent, des aselles qui mangent, des daphnies qui filtrent, des cyclops qui foncent, etc. Bref, un joyeux bordel ! Dans quel aquarium « normal » trouve-t-on toute cette vie ?
Dans un aquarium classique, entre les poissons (vertébrés) et les bactéries du filtre, il n'y a rien. La chaîne est coupée.
La nature exige de la variété, de la « crasse », et toute une chaîne de vie, qu'on nomme « chaîne alimentaire » !
Un aquarium équilibré, comme notre tas de compost, ne sent jamais mauvais.
C'est le cas de mes bacs-fonds-de-mares, qui sentent bon et dans lesquels les ostracodes, véritables détecteurs de pollution, se sentent parfaitement bien !
Commentaires
Pour les aselles et autres bestioles, la recette est de les placer dans le bac ou le poubellarium, si possible avant les poissons, et de les laisser s'installer seules à leur rythme. On a parfois la surprise de découvrir, un an plus tard, une espèce qu'on croyait disparue. Moi, je viens de trouver des aselles et des vers aquatiques dans un poubellarium où je croyais qu'il n'y en avait plus depuis des années ! Ils ont dû se développer en toute discrétion, et profiter de l'absence de poissons en hiver pour exploser.
Disons que c'est un peu à la nature de décider quelle espèce est à privilégier et à quel moment du cycle...