24,6°C à l'ombre !

A en croire certains experts (prêtres ?) de l'aquariophilie, chaque espèce de poisson est adaptée à une température précise, qui est celle de son biotope d'origine. Même si cette affirmation est un peu excessive, on peut globalement la retenir comme juste. Une truite est effectivement adaptée à une eau fraîche et souffrira dans une eau trop chaude. En réalité, dans le cas de la truite, cela n'est pas directement un problème de température, mais de taux d'oxygène dissous. L'eau froide a une capacité de dissoudre l'oxygène bien supérieure, et la truite a un mal fou à respirer dans une eau plus chaude où l'oxygène se fait forcément plus rare. Mais ne pinaillons pas, cela revient exactement au même.

En revanche, un dogme s'est solidement installé dans l'aquariophilie classique, et cela depuis des décennies. Ce dogme nous dit qu'un poisson ne supporte pas une variation brusque de la température de l'eau. C'est la raison pour laquelle, par exemple, nous faisons tous flotter le sac de nos poissons nouvellement achetés. Le but est d'égaliser les températures pour éviter le choc que provoquerait un écart trop important et brusque. Pour éviter un choc osmotique, nous changeons aussi graduellement l'eau du sac pour la mélanger avec celle du bac, mais c'est un autre problème.

Donc, un écart de température risque de rendre nos poissons malades (points blancs, ichtyo, etc.) ou même de les tuer tout net. Et, en aquariophilie classique, ce n'est pas totalement faux, même si c'est un peu exagéré dans la plupart des cas. Mais la prudence ne coûte rien !

En revanche, un poisson dans la nature qui s'enfuit de la surface dès qu'il vous voit arriver encaisse, selon les climats, jusqu'à 6°C d'écart entre la surface et le fond où il va se cacher. Un tel écart n'est même pas imaginable en aquariophilie, nos gourous patentés ne tolérant même pas 2°C de variation instantanée. Ce poisson devrait donc être mort, mais il ne l'est pas... et même, il se marre en nous regardant, le saligaud !

Dans nos poubellarium, nous constatons exactement la même chose. Le gradient de température est important entre la surface et le fond, et nos poissons s'en fichent complètement !

L'explication que j'avance est la suivante : nos poissons d'aquarium sont dans une situation de stress telle qu'ils sont devenus d'une fragilité incroyable. Ce qui devrait être un petit stress agréable (ce qu'on appelle un petit plaisir) devient pour eux un traumatisme, s'ajoutant à des stress déjà trop nombreux. C'est pourquoi un poisson d'aquarium rendu à la nature (ou à un poubellarium) retrouve assez vite une tolérance normale à de nombreux facteurs, comme l'écart de température entre surface et fond, jour et nuit, etc.

Ceci est particulièrement vrai pour les espèces comme les vivipares, originaires de régions au climat continental, mais de bien d'autres également.

Cette remarque fonde presque à elle seule l'aquariophilie naturelle : en levant les stress d'un poisson (bruits de filtre, lumière artificielle allumée brusquement, nourriture industrielle, parois vitrées...), on augmente très notablement sa résistance aux maladies et sa longévité.

Commentaires

Anonyme a dit…
Même s'il est intéressant, ce concept de stress est inexacte. Ce n'est pas le stress qui fait que les poissons d'aquariums ne supportent pas de fortes différences de températures mais plutôt qu'ils n'y sont pas habitués. Mettez un humain dans une zone où la température est constante pendant plusieurs semaines et faites le sortir dehors : il s'enrhumera. Pareil pour l'humain qui n'est pas au contact des microbes et qui s'y retrouvent brusquement confronté. De plus les poissons sont capables d'encaisser des températures différentes que celles qu'ils trouvent dans leur zone d'habitat naturel, ben évidemment. Sinon au moindre aléas climatique il y aurait des disparitions d'espèce. Dans mon cas je me contente de reproduire au mieux ce qu'ils trouvent dans la nature.

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