Bon printemps et bons poubellariums à tous !

-8°C dans mon jardin cette nuit...
Et on attend encore plus bas en début de semaine !
Les expéditions d'Aquazolla sont suspendues encore quelques jours et vos commandes s'accumulent. Merci de votre patience...

Le froid polaire qui fait geler nos poubellariums et bassins extérieurs nous impressionne et semble vouloir nous rappeler que l'hiver ne finit que le 21 mars.

Et pourtant...

En réalité, le vrai printemps, celui du réveil généralisé de la nature, est arrivé depuis plus d'un mois !
Et c'est l'observation de nos poubellariums qui nous l'apprend.


Les cycles de la nature répondent bien plus à la durée du jour, à la luminosité, qu'aux températures. Bien sûr, les êtres vivants veillent à ne pas s'exposer trop aux gels les plus forts, et se gardent donc de trop épanouir leur métabolisme tant que le risque est là.

Mais, depuis mi-janvier, tout est prêt, en place, au garde à vous, pour exploser au plus vite dès que le gel tournera le dos.
Cela signifie que toute la nature a commencé à se réveiller mi-janvier, dès que les jours ont commencé à sensiblement rallonger.

Le classique test du coup de bêche au potager en dit plus que tous les calendriers : ces myriades de graines qui gonflent déjà, sur lesquelles pointe déjà le germe ne trompent pas.
Quelques poubellariums ont commencé à verdir, à se troubler, là où leur eau était cristalline en décembre. Les algues se fichent bien de la température ; elles savent que le printemps est là quand la lumière le dit.
Ce phytoplancton qui commencent à éclore et à teinter l'eau de nos poubellariums, c'est l'enclenchement définitif de tous les cycles de la vie.

Car le poubellarium nous permet de voir plus facilement ce qui a lieu partout ailleurs dans la nature. 

Ce micro-monde aisément observable, aux dimensions limitées, est un échantillon pratique de l'éco-système global.
Car ce que nous y observons, cette éclosion de la vie, en un printemps qui nous surprend par sa précocité, nous pourrions le constater partout ailleurs.
L'activité des vers de terre a repris, ne frôlant la surface que les jours de dégel. Seuls les épigées (vers de terre de surface, donc les fameux vers rouges de fumier) attendront encore un peu, pour éviter de se transformer en sorbet pour merles !

La vie, partout, a entamé son réveil mi-janvier. Le plus discrètement possible, pour ne pas exposer ses fragiles avancées au gel qui s'attarde, mais tout est prêt. Les plantes, les micro-organismes, les bestioles, tout le monde se tient prêt, sans trop le montrer, pour être le premier à exploser au lancement de la grande fête.
Cette fête, en mars (donc demain), ce sera l'explosion de la vie, tellement forte et brutale qu'elle nous étonnera, nous qui ne l'avions pas vue se ramasser, s'échauffer, bander ses muscles depuis janvier.


Ce sera alors la course, au jardin comme dans nos poubellariums : en quelques semaines, voire quelques jours, des milliers de copépodes apparaîtront, fruits de cette préparation silencieuse qui a lieu en ce moment. La surface de l'eau grouillera d'une vie qui promettra, comme chaque année, l'installation du cycle des vies.
Le phytoplancton de surface fera « mousser » l'eau des poubellariums, formé de cyanobactéries précurseuses vert vif formant une fine pellicule. Puis la masse de l'eau verdira à son tour, à la faveur de l'apparition des algues unicellulaires. Ces algues permettront aux cyclops et daphnies de voir leur population exploser, à partir des populations pionnières prêtes depuis janvier et des œufs déposés l'an dernier avant l'hiver.

Car, chaque année, l'eau de nos poubellariums reprend vie exactement dans l'ordre où la vie est apparue sur terre voilà 3 à 4 milliards d'années : cyanobactéries, puis algues, puis végétaux supérieurs, protozoaires (les fameux infusoires), puis crustacés et copépodes, puis insectes...
Un condensé, dans les 80 litres d'une poubelle et quelques semaines, de l'histoire géologique de la vie !

Puis, quand tout sera en place, vers mai ou juin, quand la lumière sera à son maximum et que tous les cycles seront donc en place et stabilisés, vous y mettrez vos poissons.
Au lieu d'une eau stérile et donc sans stabilité, sans vie, ils s’inséreront dans un milieu d'une richesse infinie, entourés de goûts, d'odeurs, de bruits infiniment variés, tout ce dont les livres d'aquariophilie ne parlent pas...
Rassurés, déstressés, enfin adaptés au milieu, ils ne souffriront plus du moindre choc chimique, de la moindre variation de température...
Perdre 6 degrés en passant de la surface baignée de soleil au fond sombre deviendra pour eux un simple plaisir et non plus un stress mortel.
Bref, ils ne risqueront plus de mourir, comme la quasi-totalité des poissons en aquarium, de problèmes nosocomiaux, des problèmes qu'ils n'auraient jamais eus sans la captivité en aquarium, créés par l'aquarium lui-même et ses conditions si extrêmes.

Chaque matin depuis janvier, je fais le tour de mes poubellariums, armé d'une loupe et d'un filtre à plancton.
J'ai vu toutes ces bestioles apparaître les unes après les autres, méprisant la neige et le gel. Le coup d'envoi s'est fait, cette année encore, autour du 15 janvier.


J'ai prélevé un peu de tout, réchauffant ces jus progressivement, puis les éclairant davantage, et j'ai rapidement eu de quoi nourrir mes poissons restés à la maison pour l'hiver.
Un simple verre d'eau de vos poubellariums contient déjà, en cette saison, de quoi recréer un monde riche et foisonnant de vie.
Une vie que l'on peut déjà apporter à nos poissons en attendant qu'ils sortent en été : ensemençons nos aquariums !

Le Grand Poubellarium Cosmique (Paix et Sérénité sidérales soient sur Lui) nous a donné cette soupe de vie, ce pouvoir de démiurges, ce Gibolin aquatique... Versons-en un peu dans nos aquariums, méprisons les cassandres qui crieront aux planaires, aux hydres et autres parasitismes possibles ; faisons plutôt le pari de la biodiversité, celle qui remplace filtres et autres poudres de perlimpinpin du commerce.

Je déclare donc, sous la glace est les -8°c de cette nuit, la saison Poubellarium 2018 lancée !

Parce qu'il n'y a pas besoin de sortir les poissons pour leur donner déjà un peu de nature en mars...

Commentaires

Unknown a dit…
Salut Mattier,

Merci encore et encore pour ce superbe blog.

Tu as la richesse d'esprit d'observer et de respecter la vie, même la plus minuscule.
Je me délecte de chacun de tes messages, moi-même aquariophile amateur attiré par l'univers des salamandres et des tritons. Je suis tombé dans une mare étant petit ;-) !

C'est peut-être un peu invasif de ma part, mais j'ose partager à mon tour un peu de mon univers. Et comme il traite de daphnies et de collemboles, je pense qu'il parle un peu de NOTRE univers à tous ici sur ce blog ;-)

https://youtu.be/wEmYIgrpulU

Une prairie marécageuse, une ornière, et la vie qui foisonne.

Je ne polluerai pas d'avantage ce blog. Je le respecte trop pour ça !
Bonne continuation dans tes projets, et dans l'attente de nouveaux articles de ta part ;-)
Bien sincèrement,
Matthieu

Will a dit…
Louange à toi !
Bonjour Mattier,

C'est toujours un immense plaisir de lire tes articles, quand toutes les vies se réveillent et foisonnent, et qu'on a la chance d'observer tout cela, c'est comme un cadeau.

Amicalement,
Séverine

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